12 mars 2006

Metropolitain


Vous n'avez jamais eu cette impression d'être spectateur éphémère d'une tranche de vie ? Prenez le métro, décalez vous de cette frénésie qui anime tous ces cols gris et blancs à se rendre rapidement saluer leurs compagnons de travail, tout heureux qu'ils sont pour la plupart de partager cet instant avec vous.
Appuyez sur le bouton « Pause», vous ne le voyez pas ? Là, tout proche, dans votre esprit. Oui, rassurez-vous, je n'ai pas dit d'appuyer sur « Stop », vous pourrez reprendre votre course.
Regardez ces cols se pousser pour prendre l'escalator les premiers, et s'engouffrer dans la rame déjà bondée. Ne vous posez pas la question du pourquoi, un sentiment d'angoisse risque de s'immiscer dans votre esprit.
Le métro est un endroit particulier, vous entrez sous terre pour parcourir la Terre plus vite. Chaud, il se voudrait aseptisé par ces carreaux blancs recouvrant ses voûtes, bruyant, partageur d'odeur et de sons, autant de bribes de conversation, de rires et de cris, qui parviennent à votre oreille, ou parfois silencieux, froid et oppressant où ses carreaux blancs se dressent alors tels des ennemis.
La foule se presse dans ce labyrinthe, elle peut le parcourir les yeux fermés grâce aux courants d'air transformés en fil d'Ariane. Quelques moments plus tard, le silence s'est fait, seul le bruit de vos pas résonne.
Pause. Les portes de la rame se referment, le quai s'est vidé et aussitôt se remplit, voyage express de quai en quai. Le temps, avez-vous remarqué, s'écoule différemment : vous attendez le métro, c'est toujours trop long, il est à quai et il vous faut sauter dedans, c'est toujours trop court !
Alors, pour rendre ce monde plus humain, il est rendu artificiel et pratique. La ville d'en haut est recréée, marchand de journaux, boutiques pour instruments à tuer le temps ou l'accélérer ? Kit de survie pour voyage sous terre : un pass et un euro. Pass Navigo, sésame qui ouvre toutes les portes toujours plus vite ; euro pour alimenter le distributeur de nourriture terrestre.
Lecture. Les portes de la rame se ferment, le distributeur s'échappe. Plus tard, un escalator nous ramène vers la surface.

Photo : Lauriane Fiorentino Copyright



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